Performance – Installation
“Les affects sont seconds ici (l’amour, la haine, le pouvoir, la trahison, la rivalité…), ou bien plutôt ils ne sont que les modulations et les transcriptions de la grande tension primordiale entre les corps: comment ils se poussent l’un vers I’autre et se repoussent, comment ils se prennent et se déprennent.”
Jean-Luc Nancy, « Corps théâtre », in Corpus, 2010.
Concept : Charlie Fouchier
Danse : Mikael Marklund/Charlie Fouchier, Clara Sjölin, Nils Ulber
Costume : Maryna Ianina
Lumière : Thomas Achtner
Installation/Décors: Charlie Fouchier & équipe
Première : 17.11.2017 – LOFFT, Leipzig
Représentations suivantes :
18.11.2017, LOFFT, Leipzig
21. & 22.04.2017, LOFFT, Leipzig
16.06.2019, Kunstfabrik Flutgraben, Berlin*
Présentation travail en cours : 25.10.2017, Hellerau, Dresden
Production : Charlie Fouchier
Projet subventionné par : Kulturamt der Stadt Leipzig
Avec le soutient de l’association Studio Fictif
Residences : Ménagerie de Verre – dans le cadre des Studios Lab (Paris, FR), Hellerau – Centre Européen des Arts (Dresden, DE), Theater im Pumpenhaus (Münster, DE).
ΒᾸΘΟΣII traite de l’intimité entre spectateur et interprète, et entrelace des approches de l’art visuel, de la performance et de la chorégraphie. En tant qu’installation d’une performance, le projet vise à offrir au public une expérience sensorielle particulière, en invitant les spectateurs à percevoir les corps et les mouvements des danseurs avec leur propre corps. En portant une attention particulière à leur perception de l’espace, du temps, de leur corps et des sons, les danseurs traversent une chorégraphie composée d’éléments tels que la respiration, le toucher, le regard, la perception de surfaces couvertes ou découverte de la peau, et qui joue avec la visibilité et l’invisibilité des corps en mouvement.
À travers des processus d’empathie, la proximité des corps et la découverte de la peau questionnent dans la pièce les limites de l’individualité : Jusqu‘à quel point la visibilité du corps nous donne-t-elle accès à l’autre? Quelle est la nature de l’espace intime qu’est pour moi le corps d’autrui ? Dans quelle mesure son inatteignabilité me renvoi à la part d‘inconnaissable psychique et physique de mon propre corps ? Dans quelle mesure l‘acceptation de l‘altérité de ces espace permet un lâcher prise de l’intellect et une perméabilité des présences ? Comment cette perméabilité crée-t-elle une nouvelle perception de l’altérité et produit les corps comme des présences existant avec et de part l’autre dans un espace commun?
Le mot “βᾰθος” vient du Grec ancien et signifie extension spatiale (i.e. profondeur, hauteur, largeur, volume) ainsi que profondeur de sens : au-delà du geste et de la représentation, cette notion nous permet d’articuler mouvement et signification comment agencement spatial des corps. Nous pouvons alors considérer les mouvement non plus pour les images qu’ils évoquent, mais pour leur factualité ou leur potentialité spatial, et pour la façon dont ils modules les tensions spatiales entre les corps, créant diverses structures spatiales dans notre perception.
Jouant des complicités et des incompréhensions qui nourrissent les rencontres des individus en mouvements, la pièce floute les limites entre les présences. En tant qu’elle les unifie ou qu’elle les distingue, l’écriture des temps et des espaces façonne dans ce dispositif d’ex-position des corps les vécus des danseurs. Traversant des situations parfois joueuse, parfois intime, les individualités se découvrent et se produisent les unes les autres comme réseau de relations et d’intentions dans l’espace.
Ce travail chorégraphique nous pose la question du degrés d’implication de nos corps dans la réalisation de nos choix rationnel, ainsi que dans les processus d’élaboration de nos cadres politiques et sociaux. Le sol perceptif complexe et protéiforme qu’est pour nous notre corps nous permet de ré-appréhender et de repenser ces choix et ces cadres. À travers cette pièce je souhaite créer un espace dans lequel cette complexité nous ouvre une compréhension renouvelée de nous-même comme individus et comme groupes.
Une production de Charlie Fouchier en coopération avec LOFFT – Das Theatre. Financé par la Ville de Leipzig, Office de la culture. Support infrastructurel de Studio Fictif Paris. Hellerau – Centre européen des arts, Dresde (résidence), Ménagerie de Verre – dans le cadre du Studio Lab Paris, Théâtre im Pumpenhaus Münster.
*Flutgraben Performances est financé par le Département de la Culture et de l’Europe du Sénat de Berlin et soutenu par Flutgraben e.V. et par le studio public in private. Représentation financé par la Fondation culturelle de l’État libre de Saxe. Cette mesure est cofinancée par voie fiscale sur la base du budget adopté par les membres du Landtag saxon.